Compétition officielle documentaire : Congo in four acts
Noir, gris, bleu et jaune: telles sont les quatre couleurs du malheur inspirées par quatre courts documentaires. Congo in four acts de la République Démocratique du Congo, présenté en compétition officielle des documentaires, lundi au 4e art, est réalisé par trois jeunes amateurs, Dieudo Hamadi, Divita Walusala et Kiripi Katembo Siku, et ce, dans le cadre d’un projet de formation à Kinshasa. Ces réalisateurs devaient brosser une image du Congo. Ils devaient parler de leur quotidien et de leur misère…
Résultat : des images crues et violentes qui peignent une réalité affreuse de l’Afrique noire. Bien réparties en quatre actes, ces images ont répandu quatre couleurs du malheur.
Noir, comme le jour sans lendemain des femmes qui attendent dans «Ladies in Waiting», le premier acte. La caméra s’insinue dans le service de maternité d’un hôpital de la capitale. Elle suit de près la responsable du service qui passe sa journée entre le dortoir bondé de femmes désespérées et son bureau où s’entassent les dossiers en attente.
Les familles n’ont pas d’argent pour régler la facture de l’hospitalisation et le directeur exige des comptes. Aucun compromis n’est possible. Sans argent, ces femmes sont condamnées à rester dans leur chambre et à subir la maltraitance des infirmières et du personnel administratif…
Gris, comme cette «Symphonie Kinshasa», deuxième acte. Huit millions d’habitants vivent sans commodités de base. Le danger de mort est quotidien : mort par électrocution en raison des fils électriques nus et noyés dans la boue, par manque d’hygiène, par les inondations qui frappent souvent la ville… Kinshasa chante une symphonie sans notes, sans musique, sans vie.
Bleu, comme la peur des femmes d’être violées par des adolescents ou des hommes qui croient abattre ainsi des démons. «Zéro Tolérance», le troisième acte, raconte une journée du chef du Département de police chargé de la répression des violences sexuelles. Il devrait forcer les délinquants à avouer leur crime et écouter les confessions des victimes… la violence est extrême…
Jaune, comme ces visages blêmes des mineurs du Congo, quatrième acte, «After The Mine». La caméra suit une femme et un orphelin qui passent leur journée à casser de la pierre. Les images défilent au rythme saccadé des marteaux. Les témoignages sont peu nombreux, comme s’il n’y avait pas de mots pour décrire une telle misère ? C’est avec des images que ces jeunes Congolais ont crié leur ras-le-bol et exprimé leur soif de justice… Ils ont dévoilé, avec une grande audace, la difficulté d’être africain, d’être la victime d’un système pourri.