28e session du Festival de la medina : Musique du Népal, au Théâtre municipal de Tunis
Les rideaux rouges du Théâtre municipal ont été attachés par le haut, formant un drapé dont les plis sont éclairés par une lumière tamisée… Au milieu de ce décor, aux allures impériales, trois musiciens, assis en tailleur, ont joué, mercredi dernier, une musique bien étrange. Une musique qui nous parvient d’un pays enclavé entre l’Inde et la Chine, un pays de montagne et de rivière, de sons et de lumière…
Il s’agit du Népal, dont le répertoire musical traditionnel offre des notes flottantes et des rythmes chatouillant agréablement les tympans…
Dès leur entrée sur scène, les musiciens ont été surpris par un théâtre quasi vide. La déception s’est dessinée sur les visages. Mais très vite, la gêne a été surmontée. Très concentrés, les musiciens se sont mis à interpréter des râgas (modes) hindoustanis et du sud du Népal, agrémentées de quelques variations régionales spécifiques aux nombreuses ethnies vivant dans ce petit pays montagneux.
Bansurî (une flûte traversière, propre à la musique indienne), tabla et, bien sûr, l’incontournable sitar (luth à manche long) ont alterné, respectant les étapes spécifiques de la râga hindoue traditionnelle. Sur un rythme lent et progressif, l’instrument à vent, puis l’instrument à cordes se sont lancés, en solo, dans des prouesses pleines de variations et d’ornementations…
Les percussions n’interviennent qu’un peu plus tard. Après quelques minutes de jeu solitaire, elles instaurent par leurs pulsations un dialogue avec les autres instruments. Les sonorités sont tantôt aiguës, tantôt graves ; tantôt sèches, tantôt profondes. Elles se répandent à travers ces cordes pincées, ces peaux frappées et ces notes sifflées, tenant une même cadence… Mais vers la fin, le rythme monte en crescendo jusqu’à atteindre son apogée dans un mouvement d’ensemble où tous les musiciens s’abandonnent dans une sorte de transe musicale.
Ce groupe a fait ce qu’il pouvait pour mener à bien deux heures de «râga ». Il est venu de si loin pour non seulement faire découvrir une musique peu connue, mais aussi distiller un message de paix et d’harmonie. La mission a été bien accomplie.
La poignée de spectateurs présente ce soir-là a fort applaudi cette croisière à travers les râgas : un voyage offert par la 28e session du festival de la Médina de Tunis.