Entre passé et avenir

Bilan et programme de la maison de la culture Ibn-Khaldoun

«Je n’oublierai jamais l’émotion que j’ai éprouvée quand j’ai vu Salah el Mahdi, malgré son âge, grimper avec une énergie juvénile les longues marches de la maison de la culture Ibn-Khaldoun. Ce maître de la musique tunisienne disait que c’est le souvenir de Mohamed Jamoussi qui lui donnait la force et la vigueur d’antan» : c’est ce que rapporte Mounir Argui, directeur de l’espace. Cette rencontre, en hommage à Jamoussi, a eu lieu le 4 septembre dernier. Elle est considérée par le directeur comme le moment phare de sa programmation ramadanesque (qui s’est étalée du 20 août au 5 septembre).

C’est à cette soirée que le directeur songe en premier pour présenter le bilan des activités estivales de l’établissement dont il a la charge. Grâce à elle, le public a pu découvrir un autre visage de Mohamed Jamoussi. «Un homme moderne et ouvert», précise Mounir Argui. «Dans une émission radiophonique réalisée, en 1976, par Saïda Guéde, à la radio de Sfax, Jamoussi pousse déjà les artistes de son époque à se nourrir de la musique du monde et à créer des compositions en harmonie avec la société contemporaine». Cette émission compte parmi d’autres enregistrements inédits récemment collectés par le Centre de la musique arabe et méditerranéenne, Ennejma Ezzahra. Le centre a aussi organisé, depuis cette rencontre et jusqu’au 30 septembre, une exposition retraçant le parcours artistique de Mohamed Jamoussi intitulée Omri lil fan.

Outre les hommages marquants dans cette programmation ramadanesque, les soirées poétiques dédiées à Mustapha Khreïf. Mounir Argui a invité des poètes, tels que Hassine Kahouaji et Noureddine Samoud, ainsi que des chercheurs, comme Mohamed el May, à évoquer la mémoire de ce personnage du groupe de Taht Sour.

Nikhab Fi Sehet Moustapha Khreïf (A la santé de Mustapha Khreïf), fut le titre de la première conférence tenue le jeudi 28 août. «On a mis en valeur un côté «sérieux» chez cet artiste qu’on connaît surtout pour son humour et sa fantaisie», témoigne le directeur. Toujours en quête d’originalité, Mounir Argui a consacré une soirée au poète Habib Zaned (le 3 septembre). «Une réelle découverte. Avec des vers bien cadencés, cet artiste a chanté l’émigration clandestine. Il a peint la douleur et la peur, l’aventure et la brûlure… C’était vraiment émouvant», se souvient-il.

La voix de la jeunesse

Par ailleurs, la maison de la culture Ibn-Khaldoun a fêté, à sa manière, l’année de la jeunesse et celle du cinéma. Ces festivités continueront durant les mois d’octobre et de novembre. Les soirées consacrées aux jeunes artistes démarreront dès le 8 octobre, avec Hichem Derwich qui présente une performance de percussion hes drabek, une jeune troupe de théâtre amateur qui occupera la scène le 16 octobre avec la pièce lila thaniya bâda el Alef, texte et mise en scène de Mourad Naat. Adnen Hellali, comédien et  »chef d’orchestre » du printemps Sbeïtla, présentera et signera le 20 octobre son premier ouvrage Zalabania .

Au mois de novembre, la flûtiste Samar Ben Ammar fera gémir le 5 novembre sa zokra et sa gasba à travers un concert qu’elle a baptisé Alach la ? (Pourquoi pas ?). Yasser Jaradi enchaînera, le lendemain, avec Dima, dima (Toujours, sans cesse), un spectacle qui a été présenté le 1er septembre à l’occasion de la célébration de l’Année internationale de la jeunesse. «Ce jeune m’a épaté par la qualité de sa prestation. Et il fallait que je le reprogramme pour lui donner l’occasion de faire connaître davantage son talent», fait observer Mounir Argui. La voix de la jeunesse sera également présente à travers une exposition de timbres, organisée à l’occasion du 7-Novembre.

Côté cinéma, la maison de la culture Ibn-Khaldoun abritera, comme de coutume, les Journées cinématographiques de Carthage JCC. «Mais, cette année, on essayera de faire durer les festivités au-delà de l’événement», précise le directeur. Chaque quinzaine du mois, trois courts métrages (choisis parmi les 60 films retenus aux JCC) seront projetés sur l’écran de la maison de la culture en présence de leur réalisateur.

«Nous essayons dans toute programmation de satisfaire aussi bien les jeunes que les moins jeunes», déclare par ailleurs le directeur. Il ajoute : «Pour le démarrage de la nouvelle saison culturelle, j’ai voulu rendre hommage à mes maîtres, ceux qui m’ont appris à réfléchir et à regarder au-delà des apparences», confie Argui. Il fait surtout allusion à son professeur Mohamed Massoud Driss, qui fut son professeur d’anthropologie à l’Isad. Cet universitaire tiendra une conférence sur «la culture tunisienne contemporaine», le 22 octobre prochain. En prolongeant encore la série des hommages, Argui célébrera aussi le centenaire d’Aly Ben Salem.

Il programme alors, le 19 novembre, un colloque sur le parcours artistique du peintre et une exposition à son honneur. «Mais il faut chercher un moyen d’exposer ses toiles sans courir aucun risque. Un gardien serait nécessaire sans aucun doute», fait-il observer. La maison de la culture manque toujours de personnel et attend encore la mise à niveau promise.

«Sans grand budget, nous essayons quand même de ramer pour suivre les grands événements nationaux et pour imposer notre empreinte», conclut Mounir Argui.

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