Conférence de presse de Cristina Hoyos Panadero, directrice du ballet flamenco de Andalucia
- Ce soir au Théâtre romain de Carthage
Le clair, le noir, le rouge, trois couleurs, trois nuances et trois émotions : «la joie, la tragédie et la passion», expliqués par Cristina Hoyos Panadero, directrice du ballet flamenco de Andalucia, lors de la conférence de presse qui s’est tenue hier au siège de l’ambassade espagnole, en compagnie de son premier danseur Daniel Navarro.Le spectacle «Voyage au Sud», qui sera présenté ce soir au Théâtre romain de Carthage, battra donc au rythme de «ces trois émotions les plus marquantes dans la danse du flamenco», selon la célèbre danseuse de flamenco espagnole.
Ainsi, le ballet est écrit en trois temps : le premier sera «un chemin parsemé de senteurs, de couleurs et de lumières» où les seize danseurs de la troupe vont claquer les talons pour faire éclater liesse, euphorie et fanfares. Mais on n’est jamais à l’abri du mal et la tragédie éclate soudain, sans prévenir «comme dans la vie», précise la grande danseuse.
On passe donc au second temps et le noir envahira la scène quand les danseurs sombreront dans la tristesse, le désarroi, la solitude, l’agonie, l’oppression, l’horreur… le flamenco sera la voie de la douleur et du chagrin. Et quand on dit chagrin, on dit amour. Et c’est dans la passion que se déroulera le dernier temps du ballet. «Des vibrations infinies emporteront les corps. On plonge dans le désir, les frémissements impénétrables, la sensualité, le plaisir spontané, la limite de la folie…».
«Le flamenco, c’est surtout des émotions qui brûlent le cœur et le corps. On danse la vie et on vibre à son rythme», ajoute Daniel Navarro. D’après lui, Cristina Hoyos a l’expérience et le talent pour exalter le public de Carthage. Elle est celle qui a dansé avec Antonio Gadès, celle qui a marqué l’histoire du flamenco, celle qui impose cette tendance de moderniser les pas et les mouvements. Elle donne un langage chorégraphique à la danse des talons, en harmonisant pirouettes et déhanchements. «Pourtant quand je danse, je pense à ceux qui m’ont fait aimer le flamenco, je sens leur respiration et leur passion qui guident mes gestes. Mais j’ai toujours été moderne dans ma pensée et aussi dans ma manière de danser», nous confie-t-elle.
Le flamenco, pour elle, est une danse en évolution continue. Et c’est en maîtrisant la technique qu’on peut réellement s’évader dans les sensations les plus profondes. La technique est «une liberté», pour Hoyos et «une garantie» pour Navarro.
Elle ne peut qu’enrichir le vieux flamenco d’autrefois, «qui était conçu d’une manière anarchique et spontanée», explique-t-elle. Puis d’ajouter: «On était guidé seulement par la force des émotions que notre corps dégage au rythme des guitares. Aujourd’hui, c’est la technique qui permet aux danseurs de mieux sentir cette force et surtout de mieux la transmettre».
Ce soir, chacun de ses danseurs imprimera son propre tempo. Chacun s’appropriera une harmonie de déhanchements, comme s’il était le seul à vouloir crier la joie, la douleur et l’amour… Cristina Hoyos s’est produite à Carthage et elle en garde un merveilleux souvenir.
Avec un regard pétillant et un large sourire aux lèvres, elle finit sa conférence avec une promesse : «Je reviens sur cette scène magique pour amener ce cher public à travers un voyage exceptionnel, un voyage au Sud pour lui permettre de s’y noyer sans concession aucune et s’abandonner aux émotions et à la vie».