«Le caractère national de cette manifestation étouffe la création»

Festival national du théâtre amateur de Korba : Rencontre avec Moncef Souissi

Le festival du Théâtre amateur de Korba, qui a eu lieu du 28 juillet au 4 août, s’est choisi comme partenaire de la 36e session, la Fédération tunisienne du théâtre, présidée par Moncef Souissi, également acteur et metteur en scène. La Fédération a pris en charge les stages et le colloque. Elle a également soutenir financièrement à la dotation des prix et contribué à la constitution du jury. M. Souissi a bien voulu se prêter à nos questions.

Qu’apporte la Fédération à cette manifestation du théâtre amateur?

Nous avons répondu à l’appel de l’association du festival amateur de Korba qui veut développer et améliorer son festival. Nous sommes venus soutenir cette équipe et l’aider à aller vers l’avant, à l’instar de ce qui se passe dans plusieurs festivals de renommée, dont le nombre des partenaires est parfois impressionnant. La fédération et l’association ont fusionné leurs efforts pour atteindre un même objectif : améliorer la situation actuelle du théâtre amateur.

Quel est le rôle de la Fédération tunisienne du théâtre ?

La Fédération tunisienne du théâtre s’occupe du 4e art tunisien dans sa globalité. Elle intervient dans plusieurs secteurs dont la formation, l’organisation, la production, la diffusion et enfin l’animation. Elle aide d’abord les associations à relever leur défi et elle prend également des initiatives et conçoit des projets, comme, par exemple, la proposition d’une décentralisation du festival du théâtre amateur de Korba, pour en faire un festival méditerranéen. Un festival qui dynamiserait le dialogue entre le théâtre amateur des deux rives.

Et qu’en est-il de l’identité de ce festival national qui en a vu passer des noms du théâtre tunisien ?

Le caractère national du festival entraîne un certain étouffement de la création. Il est temps pour nos jeunes amateurs de connaître d’autres expériences et de développer leur sens critique. C’est à travers l’autre et se comparant à lui qu’ils découvriront leurs talents et amélioreront leur vision du théâtre.

Pourquoi avez-vous choisi la diction de la langue arabe comme thème du stage que vous venez de diriger ?

Parce que rares sont les acteurs qui maîtrisent aujourd’hui la langue arabe littéraire. Une langue qu’on utilise de moins en moins dans nos pièces de théâtre. Il est donc de notre devoir de la protéger et de la remettre en scène. Au cours du stage que j’ai dirigé, j’ai mis l’accent sur la poétique de cette langue, sur son rythme et sa musicalité. Savoir l’exploiter sur scène est un art en soi. Un art que j’ai eu la chance d’apprendre, quand j’étais à l’Institut du grand Mohamed Abdelaziz Agrebi. L’occasion se présente pour moi aujourd’hui de continuer sur la voie de mon maître et de faire connaître aux jeunes le plaisir et la manière de dire cette langue.

On a remarqué que lors de cette édition du festival de Korba, la qualité laisse à désirer. L’état des lieux du théâtre amateur est-il, selon vous, révélateur de la situation générale du secteur ?

Je ne pense pas que la situation est alarmante à ce point. Il y a toujours des exceptions. Je ne peux pas dire non plus que le théâtre amateur se porte aussi bien qu’à une certaine époque. Mais il passe actuellement par une période difficile. On est en train de faire des efforts pour le sortir de l’impasse. Un comité de réflexion est en train de mettre en place une stratégie de réformes qui concerne tout le secteur théâtral.

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