«Délirium», de Abdelaziz Ben Gaîd Hassine à Dar Ben Abdallah
Du 2 au 10 décembre prochain, l’espace Dar Ben Abdallah sera investi par des personnages « délirants »… 17 artistes seront au rendez-vous pour raconter, chacun à sa manière, le délire de Don Quichotte.
Le voyage à travers l’imaginaire de ce personnage fantastique commencera par le jardin. « Un lieu fortement symbolique qui rappelle le sud de l’Espagne, là où le héros de Miguel de Cervantes a vécu », explique Abdelaziz Ben Gaîd Hassine, sculpteur et artiste et chef de cette installation performante baptisée «Délirium».
Dans ces lieux, l’artiste a déjà placé trois de ses sculptures — qui ont fait d’ailleurs l’objet d’une exposition à Hammamet, intitulée Le voyage de Don Quichotte —. De ces œuvres est née l’idée de «délirium»… On plonge donc à l’intérieur de ce personnage, dévoilant ses secrets et ses désirs. Le voyage débouche sur le délire et sur le rêve, sur l’hallucination et l’obsession…
Pour la réalisation de ce projet, Abdelaziz Ben Gaîd Hassine a tenu une résidence d’un mois, durant lequel il a rassemblé autour de lui un collectif d’artistes multidisciplinaires. Son équipe s’appelle « L’atelier D ». Elle est essentiellement composée de jeunes étudiants, sélectionnés parmi les élèves qu’il avait formés à l’Institut supérieur des arts et des métiers, ainsi que d’un groupe d’artistes rencontrés lors de multiples résidences effectuées à l’étranger.
Sculpture, danse, théâtre d’ombre, vidéo, installations dans l’espace plastique, photographie, musique en live envahiront Dar Ben Abdallah. Une séance de lecture « symphonique », à partir des œuvres de Cervantès, en différentes langues, sera prévue dans le jardin.
Puis, le public déambulera à travers tout l’espace, à commencer par le café théâtre, la salle de danse et celle du spectacle… Onze cellules l’accueilleront, où chaque artiste s’évadera dans son propre délire et dans sa propre histoire. « Les tableaux seront indépendants. Chacun possède sa mise en scène, son décor et sa scénographie », explique encore le sculpteur.
Il y aura «le voyage de Don Quichotte » de Abdelaziz Ben Gaïd Hassine avec Youssef Ghaoui et Majdi Rabah ; «Fadenspiel» de Josephine Findeisen; «Orchestra Delirantis» avec Lisbet Meller, Mohamed Grayaa, Emmanuela Marcoli, Ainara Lopez et Claire Lebundgut ; «Tic Tac» de Sofiane Ben Slimane; « Opus retardis » de Amine et Tahar Ennouri; «Un esprit dans une boîte» de Ghazi Firni et la liste est longue.
Un parcours en spirale
Le spectacle durera environ une heure et demie. Le public entrera par un endroit et sortira par un autre. Il sera entraîné dans une sorte de spirale et plongé au cœur d’un délire artistique. On part de l’essence, de la terre et des origines, d’une danse que l’on nomme la «danse du corps obscur» (le «buto»). « Il m’est difficile de la définir », explique l’Espagnol Ainara Lopez. La danseuse sera accompagnée par un acrobate et un musicien. Ils illustreront un rêve et un idéal, un amour qui n’existe pas et une justice qui n’est jamais atteinte.
Le buto est un retour à l’Etre naïf, à l’enfance et à la nature… C’est la danse de la transgression des interdits et des tabous, des environnements extrêmes et absurdes… « Cette vieille maison m’inspire particulièrement. Je danse les histoires de ces lieux », ajoute encore la danseuse.
Toute cette création est un délire. Pour mieux aider les artistes à dépenser leur énergie, Abdelaziz Ben Gaîd Hassine a fait appel à une experte danoise de Ching kong, Lisbet Meller, pour préparer les artistes.
«Nous avons voulu intégrer l’art dans cette discipline qui est essentiellement médicale et l’utiliser en tant que mouvement artistique. Bien sûr que le Ching kong est une philosophie à part entière et que l’énergie n’est qu’un élément de la nature, mais comment exploiter cette force intérieure dans le travail artistique ? Comment entrer en contact avec la nature pour libérer l’énergie qui est en nous ? Lisbet a réalisé tout un travail de préparation pour aboutir au vrai délire»…
«Ce projet m’a vraiment intéressé et c’est pour cette raison que j’ai offert gratuitement mon espace et mon jardin. Ce Don Quichotte m’a paru vraiment délirant», conclut Noureddine Ouerghi.