Pour ceux que la vie n’a pas gâtés

Présence des arts

Trois artistes tunisiennes (Sadika Keskes, Fatma Charfi, Mouna Jemal Siala), ainsi qu’une Américaine, Ellen Eisenman, exposent pour l’enfance, du 29 novembre au 21 décembre, au Palais des Nations en Suisse. Il s’agit, en effet, d’une exposition collective d’art contemporain intitulée « L’enfance en partage », proposée par la Mission permanente de la Tunisie auprès de l’Office des Nations unies à Genève et des organisations internationales en Suisse.

La manifestation, s’inscrivant dans le cadre de la célébration du mois de la protection de l’enfance par la Tunisie (20 novembre-20 décembre), coïncide avec l’anniversaire de l’adoption par l’Assemblée générale des Nations unies, le 20 novembre 1989, de la Convention des droits de l’enfant.

« Misant sur la place de l’enfant dans la société, oubliant les barrières de tous genres qui peuvent séparer les enfants du monde (…), ces artistes femmes, ont eu l’heureuse initiative de se retrouver pour exprimer, à leur façon, tout le bien qu’elles pensent de l’enfant et tout l’espoir qu’elles placent en lui », a fait remarquer M. Abdelwaheb Jemal, ambassadeur représentant permanent de la Tunisie à Genève, lors de la cérémonie du vernissage, et ce, après avoir mis l’accent sur l’intérêt qu’accordent la Tunisie et le Chef de l’Etat à l’enfance, et la sollicitude dont elle est entourée.

Sadika Keskes a matérialisé la quantité invraisemblable d’enfants qui décèdent chaque jour par manque d’eau potable, à travers ses sculptures monumentales faites de mille cubes en verre soufflé. « L’artiste nous alerte sur les risques écologiques et les dangers encourus,notamment par les enfants du tiers-monde », a observé M. Pierre Le Loarer, bibliothécaire en chef de l’Onug et président du comité des activités culturelles.

Fatma Charfi a orné les cimaises de ses petits personnages mutants, conçus en papier soie roulé sous la pression de ses doigts. La plasticienne illustre ainsi les drames du présent et les rêves de toujours. Elle dénonce les maux d’enfants causés par les guerres, le racisme et l’injustice. « Son œuvre porte aussi en elle le frémissement de l’énergie du renouvellement de la vie », selon Rachida Triki, professeur d’esthétique et de philosophie et commissaire de cette exposition.

Mouna Jemal Siala raconte l’enfance à travers son « trompe-l’œil », son « leurre » et son « mirage ». Ses œuvres sont en forme d’arabesques énigmatiques, parfois de tapisseries anciennes aux motifs abstraits. Elle allonge des spirales qui « semblent se perdre dans l’infini », fait encore remarquer M. Le Loarer. Ces œuvres lui renvoient l’image d’une enfance gravée en notre mémoire, « presque à nos dépens » , ajoute-t-il.

Quant à Ellen Eisenman, elle a une vision « mosaïque » de l’enfance. Elle utilise des photomontages en forme de kaléidoscope. En couleur et en noir et blanc, l’artiste multiplie les visages de mômes, de ceux qu’elle a connus à travers son travail, de sa petite-fille et d’elle-même, (quand elle avait 5 ans). « Chaque photographie est à elle seule une utopie possible de vie collective faite de fragments de vies individuelles. En architecte du sensible, Ellen offre l’image d’une humanité fraternelle », fait observer encore Triki.

En somme, cette exposition véhicule un message d’humanité. Un message fondé sur l’idée que « l’enfance est le paradigme de la paix et du vivre ensemble dans un dépassement des différences identitaires ». Ces artistes ont lancé un hymne d’amour à tous les enfants qui n’ont pas de famille et à ceux dont « le cercle de la vie ne tourne pas toujours dans le bon sens », comme le dit Mona Jemal Siala.

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