JCC — Festival pour enfants
Organiser un festival pour enfants, au sein des JCC, est sans aucun doute une belle initiative de la part des organisateurs de cette session. Trois séances ont été réservées à ce cinéma encore balbutiant. Elles sont peu nombreuses, mais suffisent déjà à donner une idée approximative de la production juvénile dans le monde arabe, qui reste marginalisée.
Au cours de ces séances, ont été projetés deux récents longs métrages Viva Carthago III, du Tunisien Abdel Belhedi, et The Jasmine Birds, de la Syrienne Sulefa Hijazi, ainsi qu’un bouquet de courtes animations provenant de neuf pays: Palestine, Soudan, Egypte, Emirats Arabes Unis, Tunisie, Maroc, Algérie, Liban et Jordanie.
Peut-on dire que le cinéma pour enfants est en bonne santé ? On ne saurait répondre à cette question. Mais, en revanche, on peut affirmer que The Jasmine Birds a épaté le jeune public, dimanche dernier à CinémAfricArt. L’histoire est touchante et les images sont d’une beauté irréprochable…
A travers «Rayeth», le petit oiseau, Sulefa Hijazi explique avec beaucoup de justesse et de simplicité la fatalité de la mort et les raisons de vivre. Elle donne un sens aux mots, tels que l’optimisme, le courage, l’audace et le sacrifice…
On laisse couler une larme à la disparition des oiseaux voyageurs partis chercher le remède à l’épidémie qui a frappé la colonie des oiseaux. On rit de l’humour du volatile royal qui a perdu tous ses ministres, ou encore de la maman débordée par ses tâches ménagères dans le nid… On découvre avec bonheur cette histoire drôle et pleine de rebondissements, avec cette habileté à faire passer un message moral pertinent…
La réalisation coule de source. Elle est fluide, délicate et suit le rythme flottant du vol de oiseaux… Quelques volatiles de jasmins, croyant retrouver «la fleur de l’immortalité» (décrites dans certaines légendes), sont tombés malades et laissent se répandre une épidémie inconnue chez eux. L’oiseau alchimiste de la communauté décide de partir en voyage avec sa femme à la recherche des plantes «médicinales»… Ils ne reviendront jamais. La nouvelle de leur mort est annoncée par le messager, l’hirondelle, qui a perdu en route la portion «guérisseuse», mais a réussi, malgré tout, à apporter à la communauté malade un œuf, «progéniture» de l’alchimiste.
Entre-temps, le malheur s’est accru sur les branches des arbres. Le fils, devenu grand, décide de partir sur les traces de son père… Commence alors l’aventure. On part d’un endroit à un autre, découvrant le ballet des moustiques qui protègent l’arbre d’or, la marche militaire des oiseaux «pierre», le «tribunal» des oiseaux de mer…On plonge dans les profondeurs et on vole à travers mille cieux, derrière ce petit oiseau qui a réussi à achever le travail entamé par son père… Dans le film, des youyou d’oiseaux accueillent l’arrivée triomphante de «Rayeth» et, dans la salle, un torrent d’applaudissements accompagne la fin joyeuse du film, The Jasmine Birds est chargée d’une véritable poésie, qui évoquait les merveilles des Mille et une nuits…
Face à ce film, on ne peut qu’être optimiste quant à l’avenir de l’animation dans le monde arabe. Si on est capable de réaliser un tel long métrage, on pourrait certainement dépasser les nombreuses lacunes constatées lors de la projection de la série d’animation projetée, samedi dernier, à la salle El Mad’Art. Il n’ y avait presque personne dans la salle, ce soir-là. Et, de toute façon, les absents n’avaient rien raté… Les histoires racontées nous ont laissé de marbre. Aucune créativité, aucune originalité…
Bon ou mauvais ? Peu importe. L’essentiel est que de telles initiatives se produisent davantage. On a besoin de mieux connaître ce secteur de l’animation arabe. Et on a soif de faire découvrir à nos enfants des dessins animés qui viennent de chez nous et qui portent les traces de nos mythes et de nos histoires, qui illustrent nos rêves et nos espoirs.