28e session du festival de la Médina — «La reine Khatûn », du ballet syrien
On a beau le voir et le revoir, on ne s’en lasse jamais. Le ballet syrien « Inana » de Djihad Meflah séduit toujours avec sa scénographie recherchée et sa chorégraphie métissée. Au Théâtre municipal de Tunis, il a présenté, jeudi dernier, dans le cadre du festival de la Médina, sa dernière production, «La reine Khatûn».
Pendant un peu plus d’une heure (oui, pas beaucoup plus !), les danseurs et danseuses, une cinquantaine environ, ont envahi la Bonbonnière. Dynamiques et fougueux, ils étaient comme habités par une force surnaturelle, qui leur permettait de tenir un même rythme entraînant sans moments de relâche. Aucune faiblesse…
Dans un décor unique (une cour royale), les tableaux défilent aussi impressionnants les uns que les autres, éclairant la scène de couleurs vives et pétillantes. Chaque chorégraphie raconte une des étapes de la vie de «la reine Khatûn» : la naissance, l’adolescence, le mariage, la vie de couple, le deuil et enfin le règne sur Alep.
Des scènes théâtrales alternent avec la danse. Mais, hélas, la qualité du texte, des prestations et encore de la mise en scène, a été en deçà de celle de la scénographie ou de la chorégraphie. Les événements arrivent comme un cheveu sur la soupe, sans fil conducteur. Quant à l’intrigue, elle paraît simple, presque banale. Mais ce qui est étonnant, surprenant, c’est que cette faiblesse ne nuit pas à la qualité, ni artistique ni esthétique, du ballet Inana.
Le récit théâtral sert de prétexte au cheminement des tableaux chorégraphiques de haute facture, comme cette arrivée du grand cheikh soufi Mohieddine Ibn Arabi, qui mène sur scène une ronde spirituelle vertigineuse d’une rare beauté… Face à une telle splendeur, on oublie le rôle futile que joue cet acteur dans cette pièce.
La danse a été tellement belle et si bien étudiée que l’on oublie très vite ce qui a tendance à gêner. Elle ensorcelle par la justesse du geste et la beauté des mouvements. A travers différentes acrobaties, les corps libèrent une sorte d’énergie qui les rend à la limite insaisissables. Chaque seconde, des «sculptures» vivantes surgissent et des «compositions» corporelles se dessinent. Le mariage entre la danse contemporaine occidentale et la dabka orientale fut presque parfait, sans aucune fausse note.
Le ballet syrien « Inana » tire son nom du dieu de l’art, de l’amour et de la littérature chez les Syriens de l’époque ancienne. Il rime aussi avec beauté et vivacité.