Une fresque de vie

Diwen yaoumi (Poèmes au jour le jour), de Majdi Ben Aïssa

Des vers courts et des petits poèmes constituent le recueil, récemment publié, de Majdi Ben Aïssa, Diwen yaoumi (Poèmes au jour le jour). Peu de mots suffisent à ce poète pour raconter ses amours et ses haines, ses rêves et ses frustrations. Les vers se lancent en fils de mots, découpés en mille morceaux, dont le «sens est cousu par une aiguille du silence», comme l’exprime le poète.

A travers ce rythme saccadé, Majdi Ben Aïssa peint un quotidien fait d’écriture et de musique. Un quotidien comblé par la chaleur d’une famille et accablé par la cruauté de la guerre. Les poèmes sont donc présentés en cinq chapitres : «bagages littéraires», «affaires familiales», «la guerre contre le terrorisme», «les travaux d’un poète», «les airs d’accompagnement».

Les mots qui l’inondent, les images qui le submergent, les métaphores qu’il utilise, sa rime et son chant…A tous ses outils de travail, il consacre des poèmes chargés d’amour et de compassion. Il les décrit comme ses compagnons de route, auxquels il confie tous ses secrets mais dont il se méfie aussi. «Les poèmes n’ont pas de sens : un hurlement du loup dans le désert, un chant d’oiseau qui brise le silence nocturne, un gémissement de colombes, les pleurs d’un enfant».

A sa famille, il dédie ses joies et ses peines. Dans sa maison, tout possède une âme, même les ustensiles de cuisine qui pleurent, la nuit, le silence des murs. Il chante l’instant où son enfant a respiré ses premières bouffées d’air. Il décrit, sur un même élan, la beauté d’un visage endormi.

La guerre l’écœure. L’hypocrisie le dégoûte. Les paroles s’éparpillent dans ses poèmes, éjectées comme des éclats de pierre. Sa colère est grande et son impuissance est intense. «Je suis l’enfant de ce temps qui cherche un lendemain… Je sélectionne pour mes petits-enfants… et je survis pour mes aïeux…».

Majdi Ben Aïssa est un poète qui est en quête de sens, celui de sa vérité. Il plonge dans son âme pour mieux écouter ses silences et ses soupirs.

Avec ses mots, il fredonne certains airs connus. Il chante avec Charles Aznavour, accompagne un chant soufi. Sa voix vibre aux roulements des tambours africains, s’évade sur la symphonie de Tchaïkovski, ou sur de la musique turque. Le poète improvise aussi ses rythmes et ses mots sur le ton d’un saxophone de jazz et «claque» sa rime avec l’énergie d’une danseuse de flamenco.

Au final, Diwen yaoumi est une belle fresque, peinte avec les couleurs de la vie.

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