La Méditerranée : odyssée des cultures de Alia Bournaz Baccar
- L’auteure est lauréate du prix de l’Afrique méditerranéenne/Maghreb (mention spéciale du jury)
La Méditerrannée : odyssée des cultures de Alia Bournaz Baccar vient de recevoir le 38e prix de l’Afrique méditerranéenne/Maghreb (mention spéciale du jury) décerné à Paris, par l’Association des écrivains de langue française (Adelf).
Cet ouvrage, qui vient de paraître aux éditions Sahar en coédition avec l’Ecole normale supérieure de Tunis, est, selon Rafik Darragi critique et docteur d’Etat en lettres anglaises, «d’une valeur historique, sociologique et littéraire incontestable» (voir La Presse Littéraire du 23 mars 2009), La Méditerranée: odyssée des cultures est, dit-il, un florilège qui «ravive l’imagination, redéfinit une vision paradisiaque de la Méditerranée , celle qui a, de tout temps, habité les peuples riverains et appelle enfin au dialogue».
Quatre grandes parties composent cet ouvrage. Elles sont consacrées aux événements, aux hommes, aux œuvres qui ont illustré ce «véritable essai multiple sur les cultures et l’imaginaire de la Méditerranée», souligne Giovanni Dotoli de Université de Bari, en Italie, dans la préface de l’ouvrage. Ces chapitres, constitués d’une vingtaine d’études, sont complétés par une biobibliographie de l’auteure et des œuvres.
La première partie, intitulée «Méditerranée et transmissions», est un éloge des héritages et des brassages culturels en mer Méditerranée. Elle contient Belvéquatre communications dont une analyse réalisée, à travers le journal La Gazette de France, des années 1640-1670, qui décrit les conflits maritimes opposant l’Europe à « La Grande Porte » ainsi que la lutte contre les barbaresques. «La Méditerranée apparaît à la fois comme plaque tournante, voie principale de transmission des savoirs mais aussi lieu de tous les dangers», écrit Darragi.
Dans la deuxième partie, la question de l’esclavage est évoquée, à travers des récits de voyage et des biographies commentées. «Cinq communications nous révèlent le monde glauque des corsaires, les horreurs de la piraterie et ses enjeux.
Alia Bournaz Baccar cite notamment le cas de Al Hassan Az-Zayyâti, natif de Grenade, capturé entre 1517et 1518 à Djerba par un corsaire sicilien, et devenu par la suite le célèbre Jean Léon l’Africain. Mais, comme elle préfère insister sur ce qui unit plutôt que sur ce qui divise, c’est du point de vue occidental que Alia Bournaz Baccar développe ses exemples. Celui du sieur Emanuel de Aranda se présente ainsi : “Sous la plume de sieur Emanuel de Aranda, la rive sud de la Méditerranée occidentale gagne en précision; l’image qu’il en donne est fidèle, à la très nette réalité de ce milieu du XVIIe siècle.
Elle est un lieu fort animé, sonore, pittoresque; point de rencontres et d’échanges; aire de combats et de rivalités; source d’enrichissements personnels; berceau d’une civilisation attachante; Aranda s’est employé avec beaucoup de finesse à peindre, dans leurs diversités, les mille et une facettes de ce lieu fascinant.” (p.110) », relève encore Darragi.
Dans la troisième partie, intitulée «Méditerranée et imaginaire», Alia Bournaz Baccar analyse des textes gréco-latins et français et présente une réflexion sur l’utopie. Parmi les œuvres majeures étudiées, on y trouve L’Odyssée, L’Enéide, Iphigénie ou encore La Troade.
Quant à la quatrième et dernière partie, intitulée «Méditerranée et Civilisations», l’auteure défend la notion de rapprochement culturel. Elle plaide en faveur de la paix. Dans l’une des quatre communications qui constituent cette partie, l’auteure écrit: «La paix ne s’impose pas à coup de baguette magique. La paix s’instaure en douceur, presque imperceptiblement. Son processus doit épouser le mouvement naturel de la vie, de la coexistence. La paix est un acte volontaire, fruit d’une profonde conviction, voire d’une foi indéfectible que seul l’échange culturel est susceptible de soutenir durablement. Conjuguons nos cultures, appelons à celles des autres, entreprenons un dialogue permanent.».
Professeur à l’université de La Manouba, docteur d’Etat en lettres françaises, Alia Bournaz Baccar est l’auteure de plusieurs publications dont La littérature du dix-septième siècle, Les relations Orient-Occident dans les récits de voyage, La Méditerranée, ses cultures et son imaginaire, La Tunisie punique et latine, ainsi que La littérature tunisienne d’expression française. L’Ecole normale supérieure de Tunis lui a même consacré le Volume III de sa collection «Conférences de l’ENS» à ses multiples travaux.
La Méditerranée : odyssée des cultures reste, selon Giovanni Dotoli, l’un de ses écrits les plus touchants. «Madame Alia Bournaz Baccar nous dit que la Méditerranée, c’est nous, que la Méditerranée est notre destinée», souligne-t-il.