A la recherche de la vérité

Les journées du cinéma européen (jce) : L’homme de marbre, d’Andrez Wajda

Les journées du cinéma européen (JCE) ont présenté sur l’écran de la salle le Colisée une curiosité des années 1970, L’homme de marbre du Polonais Andrez Wajda. Pendant presque trois heures, la caméra suit les pas énergiques d’une jeune réalisatrice, Agnieszka, à la chasse des histoires et des images. Elle enquête sur un emblème des années 1950 : un maçon stakhanoviste, Birut, tombé depuis en disgrâce, suite à un sabotage parce qu’il a essayé de défendre son ami.

La cinéaste mange en courant, dort sur les chaises des bureaux ou sur les sièges de son mini-bus et elle ne change pratiquement pas de vêtements… Toujours en alerte, elle part à la collecte des indices…Chaque témoignage, filmé en flash-back, amène un autre. Et c’est ainsi que l’histoire de ce jeune paysan a été reconstituée en entier. Birut est devenu populaire après avoir posé, avec une bande d’amis, 30.000 briques en une journée.

Le film est construit comme au rythme de ce challenge: les histoires, telles des briques, se superposent et se suivent à une vitesse presque linéaire qui rappelle le geste automate et rapide des maçons. La démarche dynamique et infatigable de la jeune cinéaste se rapproche aussi du vif mouvement de ces ouvriers… Ils sont, comme elle, méthodiques, appliqués et surtout obstinés à atteindre leur but…

Au début, Birut n’était pour la cinéaste qu’une statue en marbre, abandonnée dans une réserve d’un musée d’art contemporain. Il n’était également qu’une image usée rangée dans les archives des studios et que l’on n’a jamais publiée pour «des raisons techniques». Au fur et à mesure, le personnage et son sujet se rapprochent l’un de l’autre, jusqu’à créer une symbiose mystérieuse. Le temps et l’espace perdent leurs limites. Et la course devient vertigineuse.

Les personnages surgissent du passé et prennent une allure différente au présent. Ils ont changé de figures, de mentalités, de paroles et de principes. Ils ont tracé l’histoire d’une Pologne communiste, en quête de sa vérité.

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