Centre national des arts de la marionnette, le grand chantier

Marionnettes
Marionnettes

Sur la terrasse du Centre national des arts de la marionnette, des vieux décors, des têtes de poupées, des costumes d’époque et plusieurs accessoires sont «déterrés» de leurs caisses, et exposés au soleil… «Ce monde se prépare à une nouvelle vie», s’amuse à rêver Hassen Sellami, l’actuel directeur artistique du Centre national des arts de la marionnette.

Puis il ajoute, désolé : «Malheureusement, on a pas pu récupérer toutes les marionnettes». Ce metteur en scène et ancien professeur de théâtre a rejoint l’animatrice culturelle Hela Ben Saâd, directrice du Centre national des arts de la marionnette, pour travailler en pair dans la gestion de cet espace.

Première étape : le grand ménage

Ces deux jeunes ont commencé par trier, arranger et puis conserver le fond documentaire et artistique de ce lieu culturel, âgé d’une vingtaine d’années. Ils ont fait construire, sur la terrasse, sous un abri, des étagères où sont déposés des caisses renfermant chacune les marionnettes et des décors de vieilles productions.

«Les caisses deviennent comme des tombes si on ne fait pas revivre les poupées», explique Hassen Sellami. Dans la nouvelle programmation du centre, ces anciennes pièces feront des tournées dans les théâtres, les écoles et universités, tout au long de l’année avec, de temps en temps, une remise en état des marionnettes et des décors. «Plus question de laisser ces derniers mourir, noyés par l’humidité et la poussière», promet le metteur en scène.

Raviver la mémoire du centre est une des priorités de la nouvelle direction. C’est ,d’ailleurs, avec une exposition de vieilles marionnettes que l’espace ouvrira, au mois d’octobre, sa saison culturelle. Il y aura, entre autres, la représentation d’une pièce de théâtre Kesoua, texte de Mohamed El Ouni et mise en scène de Lassaâd Mehrachi.

Cette pièce ne sera pas présentée dans les mêmes conditions d’autrefois. Hela Ben Saâd et Hassen Sellami tenaient à ce que la scène soit plus conforme aux exigences du métier. Ils ont donc dégagé les planches et assuré une certaine profondeur utile aux artistes. Les loges aussi ont été réaménagées pour garantir un minimum de confort au comédien. Les projecteurs sont désormais placés dans tous les sens et partout dans la salle…

«Nous comptons élargir nos contacts et travailler en étroite collaboration avec aussi bien les centres régionaux qu’internationaux. Nous espérons également renouer avec les grands festivals de marionnettes du monde entier…

Pour cela, il faut d’abord revoir les conditions techniques de la scène et l’aménager ensuite pour pouvoir enfin accueillir des pièces invitées», précise Hela Ben Saâd. Toujours dans cette même approche de communication, un logo sera conçu, suivi par un site internet qui sera lancé prochainement.

Les deux directeurs auraient aimé avoir un espace plus spacieux, adéquat à l’art de la marionnette. Ce qui n’est pas évident ! Faute de mieux, ils sont déterminés à rendre ce petit local «charmant malgré tout» —pour reprendre leurs propos—, un lieu de rêve et de magie. La façade de ce théâtre, noyée entre les boutiques et les restaurants de la rue de la Liberté, sera entièrement refaite. Les marionnettes seront mises en relief, et les couleurs seront déployées.

Des ateliers sont aussi mis en chantier. Ils accueilleront professionnels et amateurs, avec de nouvelles perceptions de l’avenir. Ces ateliers seront même ouverts aux adultes et aux enfants dès le début du mois de janvier afin de familiariser le public avec cet art. Les travaux vont de la fabrication de la marionnette à la représentation, en passant par le texte, la manipulation, la scénographie… «L’enfant sera le seul maître à bord. Il aura sa propre histoire et nous ne serons que des encadreurs», expliquent les directeurs.

Récupérer le public

«Pour mieux approcher la marionnette de son public, le centre va préparer quelques comédiens à l’art de la rue et à donner de petits spectacles devant le théâtre», affirme Hassen Sellami.

Les ambitions de ce metteur en scène sont sans limites. Par cette préparation à l’art de la rue, Sellami espère conquérir l’avenue Habib-Bourguiba. Ces comédiens évolueront petit à petit vers le centre-ville. Ils seront intégrés progressivement dans le vécu de tunisien. « Je suis convaincu que par ce moyen, le théâtre pourra se réconcilier avec son public. Tout rêve sera alors concrétisé», insiste Sellami.

Il rêve d’un festival international de marionnettes, qu’il espère annuel. «Non. Ce n’est pas un rêve. C’est un projet», rectifie Hela Ben Saâd. C’est avec ce festival que la nouvelle direction compte célébrer le vingtième anniversaire du centre. A cette occasion, il prépare aussi un livre historique sur le Centre national des arts de la marionnette, une sorte de référence englobant toutes les informations utiles sur cette discipline.

Avec ces nouveaux directeurs, le Centre des arts de la marionnette veut se réconcilier avec son passé et son présent en façonnant un avenir meilleur.

Leave a Reply