Créer un public d’histoire

Des musées nocturnes pendant le mois de Ramadan

Pendant le mois de Ramadan, trois musées ont ouvert leurs portes la nuit (de 20h00 jusqu’à 23h00). «Une première», selon Habib Ben Younès, directeur des musées au sein de l’Institut national du patrimoine (INP). Cette expérience pilote a été lancée à Nabeul, à Mahdia et à Djerba. Il n’y a pas encore de chiffres pour évaluer sa rentabilité. Mais le responsable paraît optimiste.

«Il faut absolument trouver une stratégie pour intégrer les musées dans la vie éducative, culturelle et sociale de chaque ville», affirme-t-il. Revoir les horaires d’ouverture, surtout ceux d’été, est pour lui une priorité, voire une nécessité. La majorité des musées ferment leurs portes à 18h00, «au moment où les gens sortent de chez eux pour aller se promener. Ce qui est une aberration», relève Ben Younès.

Depuis des années, ce responsable «milite» pour que les musées soient plus dynamiques et vivants, qu’ils ne soient pas uniquement des vitrines à caractère culturel et historique que l’on offre aux touristes. «A quoi serviraient ces structures si elles restaient en marge de la société ? En quoi ce qu’elles exposent pourrait-il être utile s’il n’était pas exploité ?Tous nos efforts seraient vains», fait-il observer.

Plusieurs musées, malgré la richesse de leurs collections, sont très peu fréquentés. Ils sont souvent ignorés des circuits touristiques, des écoles et du public. Le musée de Nabeul, par exemple, même s’il est situé en plein centre-ville, est très peu connu. Pourtant, «il est d’une grande valeur historique», considère le directeur. Qui ajoute: «On est d’ailleurs en train de revoir la signalisation pour attirer l’attention et le mettre en valeur».

Devant une longue liste de musées déserts, le directeur ne désespère pourtant pas. Afin d’animer le musée de Mahdia, la direction a collaboré, durant une année, avec l’école des beaux arts de la région. Elle a même réservé aux étudiants une salle d’atelier et d’expositions. Une bibliothèque est aussi aménagée pour y organiser des tables rondes et des rencontres autour de l’histoire. «Il faut former un public pour les musées et lui enseigner l’histoire de l’art dès les premières années d’école», suggère-t-il. Les sorties d’études, organisées par les écoles et les lycées, sont selon lui des moyens efficaces en vue de rapprocher les élèves de leur Histoire, «à condition qu’elles soient bien organisées. Souvent ces sorties sont plus orientées vers le divertissement que vers la connaissance», fait-il remarquer.

L’animation des musées devrait être la responsabilité de toutes les structures culturelles et éducatives, publiques et privées. «Seul, on ne peut rien faire. Tout le monde doit mettre la main à la pâte, parce qu’on a une mentalité à changer et de nouvelles habitudes à ancrer».

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