Racines, album de Malek Ellouze
- Coup de cœur : Racines, de Malek Ellouze, un récent album composé avec la perfection d’un professionnel et la passion d’un amateur.
Racines, comme son nom l’indique, paraît comme une descente dans le tréfonds d’une âme éternellement amoureuse et passionnée. Malek Ellouze est ce mélomane qui «respire» les notes et se nourrit des «mélodies»; hanté par les chansons et habité par la musique…
A 16 ans, il obtient un diplôme de musique arabe grâce à une formation assurée par feu Ali Sriti. Il a intégré ensuite le club de musique arabe «El Farabi», dont il assure aujourd’hui la direction. C’est dans ce club qu’il a enrichi sa passion.
On l’a vu préparer avec une main de fer tous les concerts. On l’a vu réviser à la loupe chaque prestation en répertoriant les fausses notes dans des tableaux spécifiques… Rien n’arrête cet amateur quand il est pris de cette volonté aveugle d’atteindre la perfection. Rien ne l’arrête aussi quand la «transe» de sa passion l’amène parfois au-delà des frontières à la recherche d’un enregistrement authentique qu’il écoute et réécoute sans se lasser jusqu’à l’apprendre par cœur…
Son premier album reflète, comme un miroir, cet amour jaloux pour la musique classique arabe. Les notes coulent de source et émergent d’une sensibilité à fleur de peau. Elles racontent cette ardente histoire d’amour avec des airs puisés dans le patrimoine : des bachref turcs ou des phrasés à caractère perse, du nahawand, du hijaz kâr, ou encore de la lounga, la tahmila ou le sirtou…
Ces compositions émergent d’une mémoire bien fournie et d’une longue recherche sur les modes d’expression musicaux. Elles conservent des formes poétiques classiques et respectent le vocabulaire complexe du tarab (ornements, variations mélodiques et rythmiques…), tout en étant dans les «airs» du temps.
Méticuleux, Malek essaie de marier les styles sans provoquer de «cassures» sonores, susceptibles de nuire au patrimoine. Il se nourrit ainsi du passé pour créer son avenir, convaincu que la modernité n’est pas en opposition avec le traditionnel, mais constitue sa continuité, voire son évolution. Racines est une première étape dans cette direction.
Il nous plonge dans «l’abysse» d’où surgit une musique particulière et un luthiste perfectionniste.