Finale de l’émission «Star of science» sur MBC4
- L’Egyptien Haytham Dsouki remporte le premier prix.
- Le Tunisien Zied Chaâri à la quatrième place.
«Même si je perds, je me considère toujours gagnant», nous a déclaré, à Doha, l’ingénieur tunisien Zied Chaâri, la veille de la finale de la troisième saison de l’émission qatarie «Star of science», diffusée chaque jeudi soir sur MBC4.
C’est pourtant avec de chaudes larmes que ce jeune a accepté l’amère défaite, le 1er décembre 2011.
La déception était, pour lui, énorme.
«C’est plus fort que moi», nous a-t-il confié, épuisé et effondré à la fin de l’émission. Ce jeune doctorant de 28 ans a donné le meilleur de lui-même durant toutes les épreuves de cette émission.
Il a pu résoudre, grâce au soutien de la fondation Qatar pour l’éducation, la science et le développement (FAQ) , un problème technique mondial très pointu, affronté, chaque jour, par toutes les sociétés pétrolières. Il a pu mettre au point, en quatre mois, un chargement sans fil de robots sur chenilles destinés aux pipelines qui fera gagner beaucoup d’argent et de moyens aux entreprises concernées. «Le Powerwave, l’invention de Châari, dénote une ingéniosité très particulière. Elle a été étudiée d’une manière réfléchie et elle aura un grand avenir», estime Mériam Jaïdane Saïdane, universitaire à l’Ecole nationale d’ingénieurs de Tunis, l’ENIT, et membre du jury de l’émission.
Malheureusement, les résultats n’ont pas été en faveur du Tunisien. Le vote du public lui a fait perdre la deuxième place, attribuée, précédemment, par le jury. Zied Chaâri est donc arrivé en quatrième position derrière L’Egyptien Haytham Dsouki, le Libanais Ziad Sankary et le Koweïtien Mohammad Al-Rifaï.
«Je crois que dans les prochaines émissions, il vaudrait mieux séparer les inventions techniques et celles destinées au grand public. Ce dernier ne peut pas estimer à leur juste valeur les machines spécifiques à un domaine particulier, puisqu’il n’en est pas le consommateur immédiat. Il ne peut pas, par conséquent, mesurer son efficacité et son utilité à long terme», justifie le professeur.
La spécialiste a vu juste. Les appareils primés sont proches des citoyens : «Vivifi», l’invention de l’Egyptien est un autocollant de surface pour capteurs tactiles non conducteurs. Il est facile à appliquer sur tous les supports : mur, marbre, tissu et même papier…
«Désormais, vous n’attendez plus les serveurs dans les restaurant pour pouvoir passer vos commandes. Une simple touche sur le menu suffit», s’amuse à imaginer Haytham Dsouki. Sur le plateau de MBC4, ce jeune ingénieur de 25 ans a appliqué son invention, non pas sur le menu d’un restaurant, mais plutôt sur les murs d’une salle de bain. «Les ingénieurs qui m’ont encadré, m’ont mis face à ce défi.
Il fallait que j’utilise mon invention pour répondre à des besoins plus larges et plus pressants, comme allumer la lumière, ouvrir les robinets, répondre au téléphone… Et j’ai réussi», nous confiait-il, le sourire candide. Grâce au prix de 300.000 dollars offert par la Qatar Foundation, ce jeune compte commercialiser son projet et aider les citoyens à mieux vivre.
Le Libanais Ziad Sankary, qui concourait avec son dispositif de dépistage précoce des attaques cardiaques à distance baptisé «Lifense», a reçu la somme de 150.000 dollars. Une invention qui se veut une intervention sur les malheurs des humains. Son père est, en effet, décédé, suite à un malaise cardiaque. Depuis, ce jeune ingénieur de 26 ans lutte pour trouver un moyen de contrôle, relié au GSM, qui prédit ce genre de maux. «Une belle invention certes, mais j’estime que ce domaine est tellement pointu et délicat qu’il est insensé de le mettre entre les mains d’une machine», observe encore Mériem Saïdane. Le Libanais a su danser sur les cordes de la sensibilité du public, décrochant ainsi la deuxième place.
Invention signée en arabe
L’invention du Koweïtien Mohammad Al-Rifaï était également proche du quotidien des téléspectateurs. «Je viens de me marier et je voyais la peine que vivait ma jeune femme à chaque fois qu’elle devait repasser mes vêtements. Une vraie galère! J’ai pensé à une machine à repasser qui soit aussi facile et efficace que celles qui existent pour le linge ou la vaisselle», nous a déclaré ce jeune ingénieur d’à peine 20 ans, encore étudiant.
Après quelques difficultés techniques, il a créé un fer à repasser automatique domestique. «Il est adaptable partout et il est facile à utiliser», affirme-t-il. Al Rifai a reçu la somme de 100.000 dollars pour la réalisation de son projet. S’investira-t-il dans la création d’ une usine? «Je ne sais pas encore. Il est trop tôt pour me décider», nous confie-t-il.
L’originalité de cette invention vient aussi du nom choisi pour son appareil «Kwili» (repasse pour moi). Il fallait, à notre avis, continuer dans cette orientation et chercher des noms d’origine arabe qui signeraient à jamais ces créations et feraient introduire en arabe, les interventions, déjà rares et méconnues, dans le vaste domaine de la technologie mondiale.
La Qatar Fondation a répondu à pratiquement toutes les demandes des inventeurs. Elle les a aidés à concrétiser leur rêve pour qu’ils arrivent à marquer leur nom dans le monde des sciences et des technologies. «Avant ce jour, j’étais triste pour les pays arabes.
J’étais frustré devant la médiocrité de l’enseignement et la stérilité des esprits. Ces jeunes ingénieurs m’ont prouvé, aujourd’hui, que j’avais tort. Nous portons en nous la flamme de la révolte scientifique», nous a déclaré Farouk el Baz, un des grands chercheurs égyptiens, invité d’honneur de l’émission.
Un tremplin pour la recherche scientifique
La Qatar Foundation tend, depuis deux ans, la perche aux nombreux jeunes ingénieurs du monde arabe pour qu’ils puissent réaliser des inventions inédites, même les plus coûteuses. Les idées se concrétisent grâce à la Fondation Qatar pour l’éducation, la science et le développement communautaire. Cet organisme a créé un programme télé-réalié «Star of Science», mettant en concurrence plusieurs innovateurs.
Pour cette troisième saison, 16 candidats, venant de huit pays, ont été retenus, après une première sélection, et ont séjourné, quatre mois durant, dans l’immense Parc des sciences et des technologies du Qatar (QSTP).
Les candidats sont d’abord préparés psychologiquement et mentalement. Puis, ils ont dû défendre leurs idées respectives d’une manière claire et concrète. Ensuite, ils sont passés au côté pratique, en mettant à l’épreuve leurs créations et leur performance globale. Une fois conçu, le produit doit avoir une apparence conforme aux attentes du consommateur. Le design a été donc décisif. La commercialisation du produit et le réalisme du «business plan» sont des critères de base de cette sélection.
«Le point fort de cette émission a été ce mélange des compétences», remarque Mériem Jaïdane Saïdane, professeur à l’Ecole nationale d’ingénieurs de Tunis. Pour elle, ce genre d’émission pourrait être un tremplin pour la science dans les pays arabes.
«Star of science» est, selon Farouk El Baz, le moyen le plus efficace de relayer l’information. «Ces jeunes inventeurs amèneront d’autres et ainsi de suite. Je suis convaincu que, par cet effet de boule de neige médiatique, les créateurs arabes marqueront à jamais l’avenir de la science mondiale. D’autant qu’on ne manque pas de compétences et d’intelligence chez nous», affirme El Baz, actuellement directeur à l’Université de Boston.
Cette «Star des sciences» a participé au programme Appollo, notamment au volet de sélection des sites d’atterrissage sur la Lune et à celui de l’entraînement des astronautes pour l’observation et la prise de photos.