Le corps a aussi son mot à dire

« Je danse, donc je suis » : le Printemps de la Danse a choisi ce slogan pour marquer son dixième anniversaire, le premier après la révolution. Tunis est depuis hier et jusqu’au 8 mai, la capitale de la Danse. Le corps aura aussi son mot à dire.

« Plus que danseurs, nous sommes des Tunisiens », a affirmé Hafiz Dhaou, directeur artistique du festival, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue hier au Théâtre municipal à l’occasion de la Journée mondiale de la danse. Avec sa compagne Aïcha M’barek, ce jeune chorégraphe a opté pour une session « exceptionnelle », une session qui rend hommage à plus de 100 compagnies et 500 danseurs et chorégraphes, toujours au rendez-vous depuis neuf ans.

La programmation recueille donc les coups de cœur des Tunisiens. Elle donne la parole aux artistes « qui ont accepté de venir « gratuitement » s’engager à être à l’écoute du public, mais surtout aux aspirations des plus jeunes », lit-on dans le dossier de presse.

Tenue par un collectif de jeunes Tunisiens, cette session s’ouvre aussi sur l’avenir. Elle s’inspire de ce nouveau souffle qui s’offre au pays, d’une effervescence créative propulsée par un corps libre. Ce dixième printemps est donc véhiculé par un double mouvement : pérennité d’un côté et renaissance de l’autre.

La révolution et la danse se tiennent face à face. Les artistes défendent leur art à leur manière et s’affirment par leur mouvement du corps et de l’esprit. Ils invitent des troupes qui racontent des histoires, réfléchissent et concrétisent des projets… Des troupes qui ont touché le public tunisien au plus profond de son âme. Pendant une semaine, ces compagnies tunisiennes et étrangères défileront, comme chaque année, sur les scènes de quatre espaces, à savoir le Théâtre municipal, le 4e Art, Ness el Fen et El Menzeh 6.

Comme de coutume, Yann Lheureux, Abou et Nawel Lagraa, accompagnés par le Ballet national algérien, Radhouane Meddeb, Héla Fattoumi et Eric Lamoureux, ainsi que la danseuse étoile Marie Claude Pietragalle, seront encore parmi nous. Un spectacle de hip-hop Break to be free sera prévu pour dimanche… « La fierté de l’école mère Ness el Fen ! », précise encore Hafiz. Ce concert, »unique en son genre », sera présenté par Hamza Ben Youssef, par Yassine Rmadhania et par ceux que la troupe appelle les « vagabonds ». C’est la manière pour les jeunes d’accompagner la Tunisie dans cette phase charnière de son devenir.

En revanche, « comment une manifestation dédiée à la libération du corps allait-elle être reçue dans une période caractérisée par la libération des énergies mineures et majeures de notre peuple ? « , se demande le collectif de Ness el Fen. On verra bien ! Mais l’essentiel reste que la danse, comme moyen d’expression, devra aussi avoir une place dans ce paysage culturel d’une Tunisie nouvelle.

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