Un public transformé ou à former ?

Le polyvalence des espaces culturels

«Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme», Serait-ce le cas du public de la culture ?

Un public qui ne se perd pas, peut-être ; qui ne se crée pas, certainement ; mais qui se transforme ?

L’absence flagrante de ce public des théâtres et des salles de cinéma révèle-t-elle une certaine mutation? Ses besoins ont-ils changé, voire se sont-ils métamorphosés ? Fallait-il réfléchir à d’autres moyens plus adéquats aux exigences contemporaines ?… Beaucoup de questions et peu de réponses… On parle aujourd’hui de la mort du cinéma et de l’agonie du théâtre ; d’une musique en difficulté et d’une peinture défigurée ; des livres sans lecteurs et des danseurs sans structure… bref d’une culture qui va mal.

Ils sont plusieurs à tenter le tout pour le tout pour gagner ce public et pour sauver la face. Et à chacun sa stratégie et sa logique. Certains font le deuil de leurs convictions passées et détruisent toutes références «élitistes» pour créer de nouvelles perspectives, «populaires». «Une recette qui marche bien pourvu qu’elle soit bien faite», selon Moncef Dhouib. D’autres misent sur le spectaculaire et les effets spéciaux ; d’autres encore cèdent la parole aux jeunes, en adoptant le rap et le slam,…

Quant aux espaces de représentation, ils se transforment visiblement : les salles de cinéma deviennent théâtres (le Colisée et le Mondial…). Et les théâtres s’adaptent aux projections (le Théâtre municipal…). Sans parler du phénomène des cafés culturels qui poussent comme des champignons, dans une sorte d’amalgame entre loisir et culture ?

Tout cela est-il suffisant pour le retour d’un public qui boude la culture.

«On n’est pas sorti de l’auberge si on ne forme pas les générations à la pratique artistique et culturelle. Et cette formation commence dès l’école maternelle», précise Moncef Souissi. L’homme de théâtre implique toutes les institutions privées et publiques dans l’adoption de «la cause de la culture» et appelle les parties concernées de la société civile à participer sérieusement à son élan. «Seul moyen pour remonter la pente», insiste-t-il.

Nourreddine Ouerghi, lui aussi, croit à cette union des efforts et de la mobilisation de toutes les structures pour le bien de la culture. Il est convaincu que le manque d’espaces et l’insuffisance de moyens sont les causes de cette crise. «Il faut se rappeler que Becket avait joué devant des chaises vides, des places que l’Eat français achetait jusqu’au jour où cet artiste avait gagné son public.

On avait levé donc la main pour aller servir d’autres théâtres et d’autres initiatives auxquelles on croyait profondément», observe le metteur en scène. Selon lui, c’est l’espace qui crée le besoin. Il ajoute : «Pour créer un public, il faut aider l’art qui ne fait pas de concessions, l’art qui ne caresse pas dans sens du poil, l’art qu’on n’oublie pas, même si notre mémoire est courte»…

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